Monuments historiques
Pierrefonds compte deux bâtiments classés et deux autres inscrits au titre des Monuments Historiques :
- Le château de Pierrefonds (classé)
- L’église Saint-Sulpice (classé)
- Le domaine du Bois d’Haucourt (inscrit)
- L’ancienne gare de Pierrefonds (inscrit)
Louis d’Orléans, second fils de Charles V, établit en 1393 une demeure fortifiée située sur l’emplacement d’une première forteresse élevée par les descendants de Nivelon de Pierrefonds au XIIe siècle.
Cette forteresse, proche de Compiègne, reste la propriété de la famille d’Orléans: d’abord Charles, fils de Louis, puis le futur Louis XII. En 1589 Antoine de Saint-Chamand s’en empare au nom de la Ligue.
Il confie le château à un capitaine nommé Rieux qui réussit à repousser deux tentatives d’assaut de l’armée royale, dont celle d’Henri IV en 1593. La forteresse est prise puis démantelée sous Louis XIII en 1617. Cette grande ruine entre alors dans l’oubli.
Napoléon Ier la fait acheter en 1810. Louis-Philippe utilise en 1832 les ruines du château pour le banquet du mariage de sa fille Louise avec le premier roi des belges Léopold Ier.
L’intérêt grandissant pour les ruines romantiques donne à Napoléon III le désir de transformer ces ruines en demeure occasionnelle puis en véritable demeure impériale.
Il confie en 1857 la restauration du château à Eugène Viollet-le-Duc, qui, plus qu’une restauration, proposera une véritable réinterprétation. Viollet-le-Duc, qui modifia par interprétation plusieurs monuments en France, estime ainsi que : « Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. » Les travaux sont interrompus par la guerre de 1870 et la restauration est définitivement arrêtée en 1885 sans que la décoration intérieure n’en soit totalement achevée.
L’église Saint-Sulpice fut fondée entre 1060 et 1070 par Nivelon, premier seigneur de Pierrefonds. Sulpice était archevêque de Bourges et conseiller du roi Clotaire II qui le fit évêque en 624. De l’époque romane il ne reste plus que la crypte. Nivelon Ier, mort en 1072, y est enterré. De nombreux pèlerins se rendaient à l’église Saint-Sulpice. En effet, une fontaine dont l’eau était réputée pour guérir des fièvres se trouvait dans la crypte.
Sur cette fondation romane fut construite l’église supérieure, remaniée à différentes époques. Son plan est assez particulier : le clocher ne se trouve pas en façade ou à la croisée du transept, mais au bout de la nef gauche, il a d’ailleurs certainement été édifié avant celle-ci.
Un lanternon ajouré de 16 baies et daté de 1557 fut ajouté au clocher. Il est construit sur le mode italien de la Renaissance. Il comprend aujourd’hui une cloche nommée Marie. Il y avait autrefois cinq cloches, fondues pendant la guerre de 1870 pour être transformées en canon. La charpente du chœur, en châtaignier, a été rehaussée. L’église a subi au fil du temps de multiples dégâts notamment pendant la Première Guerre mondiale au cours de laquelle le chœur fut éventré.
Le Bois d’Haucourt est acheté dans les années 1890 par Gustave Adolphe Clément Bayard, constructeur automobile, de dirigeables et d’avions, pour y faire construire, par l’architecte Pacaud, une grande demeure mêlant les styles néo-gothique, néorenaissance et régionalisme. Le programme iconographique est centré sur le Moyen Age, la Renaissance et le chevalier Bayard. La salle Bayard, salle de billard, est ornée d’un programme s’inspirant de la vie du chevalier.
En 1911, l’architecte paysagiste Edouard Redont crée le parc et les jardins. Le domaine est conçu pour fonctionner en autarcie.
Les éléments protégés du domaine sont nombreux : la maison de maître, façades et toitures ; l’intérieur de la salle Bayard, du salon, de la salle à manger et des deux halls d’entrée situés entre la salle Bayard et le salon d’une part et entre le salon et la salle à manger, d’autre part ; le tombeau d’Adolphe Clément-Bayard ; la terrasse et le portique, à l’est ; les deux châteaux d’eau ; la petite cave ou glacière ; l’élément de tour crénelée ; la maison de 1822, l’écurie, le pigeonnier et le pressoir à cidre, façades et toitures ; le jardin historique ordonnancé d’Edouard Redont, hormis les constructions non citées.
Domaine du Bois d’Haucourt Tombeau d’Adolphe Clément-Bayard
Le projet d’une liaison ferroviaire Amiens-Dijon par Pierrefonds est annoncé en 1868. La gare de Pierrefonds se situera sur la section Compiègne-Villers-Cotterêts.
Charles Lecoeur est recommandé par le prince Radziwill, propriétaire de l’Hôtel des Bains, pour en être l’architecte. Il construit notamment la Sous-préfecture de Compiègne, l’hôtel de ville de Pierrefonds et la gare.
Après le remblaiement du site, Lecoeur commence les travaux en 1883. L’architecte remplace la brique par des pierres de taille appareillées, les tuiles mécaniques par des ardoises de zinc en écaille. Les murs sont en pierre de Creil, on peut admirer, entre autres, des faîtières en forme de feuille et une flèche au sommet de chaque pignon. Au6dessus du hall se trouve l’appartement du chef de gare, le second étage est composé de logements pour quatre employés et du local à horloge. En face du hall à marchandises se trouve un petit château d’eau servant à alimenter les machines à vapeur.
L’inauguration a lieu le 24 janvier 1884. Le tourisme connaît un fort succès à Pierrefonds jusqu’en 1914, grâce notamment à la présence du château et de l’établissement thermal. Après la transformation de l’Hôtel des Bains en hôpital militaire durant la Première Guerre mondiale, Pierrefonds reçoit moins de voyageurs.
La ligne du trafic voyageurs est fermée en 1940 ; le trafic marchandise cesse en 1966 et la ligne est démantelée l’année suivante.
Sites classés et inscrits
Introduction
« Pierrefonds n’était qu’un village, il devint un bourg. Ce village avait un étang, cet étang devint un lac. (…) M. de Flubé, dans un des voyages d’exploration qu’il fit aux environs de sa propriété, découvrit une source d’eau sulfureuse. Dès lors, Pierrefonds était complet : historique par ses ruines, pittoresque par sa position, sanitaire par sa source. Ce fut alors que M. de Flubé, pour donner toute facilité aux malades devenir prendre les eaux, fit bâtir des bains et convertir sa maison en un hôtel qui a pris le titre d’hôtel des Bains.»
Le château de Pierrefonds, dans «Bric à brac», Alexandre Dumas père, 1861
La naissance d’une station thermale
Dès le début du XIXe siècle, des artistes se passionnent pour la vision romantique des ruines du château médiéval de Pierrefonds. En 1845, le peintre de paysage Louis Joseph Deflubé (1797-1884) découvre sur sa propriété de Pierrefonds, installée sur les bords du lac, des sources à l’odeur sulfureuse. L’analyse des échantillons prélevés confirme leurs propriétés et en 1846, l’Académie de médecine autorise leur exploitation.
« Pierrefonds possède une source d’eaux minérales dont la température est de 12 à 13°. Cette eau sort de terre avec une certaine abondance par plusieurs orifices, à l’extrémité d’un petit lac. Très limpide à son point d’émergence, elle a une odeur et une saveur sulfureuses ; elle devient lactescente à l’air, en se décomposant et laissant précipiter du souffre. On la réchauffe artificiellement pour l’usage des bains et des douches (…). L’eau de Pierrefonds réussit principalement dans certaines affections de la peau ou des muqueuses, dans les engorgements abdominaux, les rhumatismes, les maladies de l’appareil respiratoire. L’hôtel des Bains est entouré d’un jardin très agréablement situé au bord d’un petit lac avec droit de pêche pour les clients de l’hôtel (…) il y a un restaurant dans l’établissement. Barque pour la promenade sur le lac (…).
Adolphe Joanne, Les environs de Paris illustrés, itinéraire descriptif et historique, Hachette, 1856.
La propriété est transformée en établissement thermal. L’Hôtel des Bains accueille les curistes dès 1848. Les eaux sont utilisées sous différentes formes : en boisson, en bains ou douches et en inhalations. Un casino (1859), un restaurant, des salles de jeux, de repos et de lecture offrent confort et distraction. L’eau est expédiée en bouteilles dans toute la France. Pierrefonds devenu Pierrefonds-les-Bains se transforme afin d’accueillir les nombreux visiteurs. Villas cossues et petits manoirs se construisent sur la commune. Ce phénomène est accentué, à partir de 1855, lorsque Compiègne devient résidence impériale et que débutent les travaux de restauration du château. La construction de la gare inaugurée en 1884 favorise le succès de l’établissement thermal. Pierrefonds possède alors cinq hôtels pour accueillir les touristes, le plus confortable étant l’hôtel des Bains. En 1878 Deflubé vend l’établissement thermal au Prince Radziwill. A l’approche de la Première Guerre mondiale cependant, la fréquentation de l’établissement thermal décline. De 1914 à 1918, il est transformé en hôpital militaire et sera bombardé en 1918. En 1945, l’établissement thermal est détruit par un bombardement. Le parc n’abrite plus que l’hôtel des thermes et le casino.
Un point de vue sur le château
Le site classé de l’étang et du parc de l’établissement thermal se situe au cœur de la ville et offre un point de vue privilégié sur le château de Pierrefonds. La protection a été principalement instituée afin de contrôler les constructions en bordure de l’étang. Le site s’étend sur plus de 22 ha. Il comprend l’étang orienté est-ouest (5 ha), le parc de l’établissement thermal qui le borde au sud et où se trouve l’hôtel des thermes, le casino et un grand parc arboré, ainsi que la zone boisée à l’est de l’étang. Le site est bordé au sud par l’église Saint-Sulpice.
Des activités touristiques et commerciales (mini-golf, pédalos) sont implantées à proximité du centre-ville. Un chemin en stabilisé est aménagé entre le centre-ville et le parking près de la gare. Le bâtiment de l’établissement thermal est actuellement loué pour de grandes occasions et un parking a été aménagé à proximité de l’étang.
Un lieu de villégiature au bord du lac
L’attrait pour les ruines romantiques du château, l’intérêt manifesté par Napoléon III qui confie leur reconstruction complète à Viollet-le-Duc en 1858, la découverte et l’exploitation de sources thermales renforcent l’attrait touristique du bourg de
Pierrefonds. Pierrefonds-les-Bains devient une station très prisée du Second Empire à la veille de la Première Guerre mondiale. L’inauguration de la gare en 1884 renforce encore l’attractivité de ce lieu de villégiature. Villas, chalets et manoirs bâtis à flancs de coteau s’égrainent le long de l’étang entre la gare et le bourg.
La construction d’un château au style composite
Au début du XXe siècle, le comte de Failly (1810-1892), descendant du Général de Failly, aide de camp de Napoléon III, fait construire un château sur une hauteur boisée, à l’angle de la rue Séverine et de la voie ferrée, au nord de l’étang. Le château est visible depuis l’ensemble du site de Pierrefonds. Il est édifié sur les ruines d’un ancien château médiéval, révélé par les fouilles réalisées en 1900, lors des travaux. Construit en pierre de taille avec une couverture d’ardoises, l’architecture du bâtiment est originale, d’un style composite « gothico-Renaissance », reprenant les thèmes d’un château féodal : clochetons, angles, clocher… Le domaine comprend une chapelle reliée au château par un porche couvert. Elle reproduit en plus petit la chapelle du château de Chantilly, où repose le Duc d’Aumale. La silhouette des édifices se détache nettement de la masse boisée. Le château dessine le profil du site.
L’ensemble est cerné par un mur de pierres de 3 mètres de haut. Un grand portail marque l’entrée du site sur la rue Séverine. Une dépendance en pierre de taille sur deux niveaux, souligne le front de rue. Elle accueille aujourd’hui en rez-de-chaussée la loge du gardien jardinier. L’étage est en fait le rez-de-jardin.
Un site aujourd’hui boisé
A l’arrière du château, le terrain en pente est taluté en terrasses. Le chemin d’accès serpente jusqu’au château. Le domaine est aujourd’hui presque entièrement boisé. Au sommet, une clairière offre une prairie pour deux cerfs. Les vues sur Pierrefonds sont quelques peu masquées par les grands arbres, malgré la situation idéale du domaine.
La propriété est aujourd’hui privée. Le Comte de Failly meurt au début de la Première Guerre mondiale. Le site devient alors le siège de l’Etat-major de l’Armée Française. Le parc est bombardé. Le site passera ensuite aux mains de différents propriétaires. Devenu un gîte d’étape mal entretenu, il a été racheté par une propriétaire russe pour en faire sa résidence. Le domaine entier est aujourd’hui en rénovation. Le mur d’enceinte, la toiture et la maçonnerie ont été entièrement restaurés.
Le site mérite de s’ouvrir aux horizons, en veillant à ne pas entièrement retirer la couverture végétale qui accompagne le château de Jonval. Le sentier du point de vue qui monte sur la colline en un grand escalier le long de la propriété, est aussi un site privilégié pour s’approcher du château. Il mérite de rester visible et signalé.
Une butte boisée aux abords de l’étang et du château
Cette butte témoin du plateau de la forêt de Compiègne fait partie des sept collines entourant Pierrefonds. Elle constitue l’un des horizons boisés de la ville. La butte représente ainsi une importante réserve boisée à proximité du centre historique de la ville. Surplombant la ville et l’étang sur la partie nord, elle offre un beau point de vue vers le centre et le château. Essentiellement boisé, le périmètre protégé ne comprend que deux habitations. Quelques maisons sont construites au pied, le long des rues du Beaudon, Jean Lenoir, de l’Armistice et rue du Parc qui encerclent la colline.
La butte est constituée d’une épaisse couche de sable à forte concentration de coquillages fossiles. Elle est séparée du plateau à l’ouest par un vallon aux versants raides et boisés autrefois emprunté par l’ancienne voie de chemin de fer reliant Compiègne à Pierrefonds. Celle-ci constitue désormais l’un des nombreux sentiers pédestre et cycliste qui parcourent la forêt de Compiègne. Sur le versant opposé s’étend le site classé du château de Jonval. Un petit chemin piétonnier en escalier, «la sente du point de vue», sépare les deux sites.
Un panorama aménagé
Au début du siècle, la butte de sable, au lieu-dit « Butte du Parc », bien que propriété privée, offrait des promenades publiques dont les sentiers sont encore visibles sur le cadastre. La butte est aujourd’hui en grande partie une propriété privée fermée au public. Un sentier assez sommaire aménagé sur une propriété communale permet l’accès à un surplomb qui offre un large panorama sur l’ensemble du site de Pierrefonds.
Ce sentier discret, fait de rondins de bois, conduit en lacets jusqu’à un point haut. Celui-ci est aménagé en léger replat ponctué d’une dalle carré et d’un banc. Ce belvédère offre un point de vue cadré sur le château de Pierrefonds. Une allée dallée redescend ensuite vers la rue du Beaudon et le centre-ville.
Un petit sentier à peine visible grimpe la pente depuis le belvédère. Le promeneur butte rapidement sur le grillage d’une parcelle privée qui longe le bord de crête des pentes raides et boisées. C’est en le longeant, sur un sentier sommaire, que l’on aboutit sur le plateau boisé, ouvert au public, mais nullement signalé. Il sert actuellement de sentier d’entretien pour l’abattage de quelques bois. La forêt (futaie de charmes, hêtres, robiniers, frênes, érables) est entretenue. Le panorama sur la ville et sur l’étang pourrait être remarquable si la grande quantité d’arbres ne masquait pas la vue. La partie la mieux orientée est une propriété privée, grillagée. Au centre du plateau, des blocs de grès sculptés et lissés par l’eau surgissent dans les boisements. Un épais couvert de feuilles masque le sol. Le sable peu visible est perceptible au pied de la butte, dans les jardins des propriétés privés. Des fossiles y sont présents.
La Butte de sable mériterait d’être mieux connue. Elle pourrait accueillir un circuit de randonnées qui surplombe le site remarquable de Pierrefonds : le château, les places, l’étang, l’établissement thermal, la gare, ou encore le château de Jonval. Un aménagement soigné et respectueux associé à une signalétique adaptée pourrait favoriser l’accès à ce site intéressant et pittoresque.
Une gare inaugurée en 1884
L’aspect romantique des ruines du château de Pierrefonds devint, deux siècles après son démantèlement au XVIIe, un sujet d’inspiration pour les peintres, et un but d’excursion. Napoléon III s’éprit du lieu situé à 15 km au sud-est de sa résidence de Compiègne. Il commanda à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc la restauration du site dès 1857. Les travaux durèrent jusqu’en 1885. Pierrefonds se transforma afin d’accueillir les nombreux visiteurs. Villas cossues et petits manoirs se multiplièrent sur la commune.
Dès 1868, une ligne de chemin de fer Amiens-Dijon par Pierrefonds est envisagée. Pierrefonds fait partie de la section Compiègne-Villers-Cotterêts. Le choix de l’implantation de la gare se porte sur le site du Beaudon, au nord du lac, afin que les visiteurs aperçoivent le château à leur descente du train. Le quartier offre également plusieurs hôtels. Charles Lecoeur, architecte de la sous-préfecture de Compiègne et de l’hôtel de ville de Pierrefonds sera choisi pour le projet. Les travaux commencent en 1883.
La gare de «Pierrefonds-les-Bains» est inaugurée le 24 janvier 1884. Elle comprend un pavillon central à un étage et combles, avec un auvent et deux parties latérales à rez-de-chaussée. Le bâtiment, construit en pierre de Creil, est couvert d’un toit en écaille de zinc, complété d’une faitière métallique. Les logements du personnel sont à l’étage. Un petit château d’eau alimentant les machines à vapeur est implanté face à la halle aux marchandises. Les touristes viennent nombreux, attirés par le château et l’établissement thermal ouvert en 1848.
Un déclin amorcé à partir de la Grande Guerre
Pendant la Première Guerre mondiale, l’hôtel des Bains est transformé en hôpital militaire. La fréquentation décline. Le phénomène est encore accentué par la crise de 1929. Le trafic est fermé aux voyageurs en 1940. La ligne marchandise cesse définitivement en 1966. Elle est démantelée l’année suivante.
Un point de vue privilégié sur le château
Le site est exceptionnel. L’emplacement de la gare a été choisi en raison des vues et perspectives dégagées sur l’étang qu’il surplombe de plusieurs mètres, et sur la ville, l’église et le château. L’ancien chemin de fer était construit sur une digue. La surface longiligne et parfaitement plane se distingue encore. Elle est bordée d’un talus menant à la partie sud du lac.
La gare est accessible depuis le sentier des bords du lac ou depuis la rue de Beaudon. Une avenue, plantée de tilleuls taillés, mène à la place de la gare. Celle-ci est aujourd’hui devenue un parking sans qualité. Un bâtiment de logements collectifs, sans intérêt architectural, a été construit sur la place.
Une renaissance progressive
Après une période d’abandon, la gare, le bâtiment des toilettes et l’abri des voyageurs ont été restaurés. Ils sont représentatifs de l’architecture des équipements du XIXe siècle. Les ailes et l’étage du corps central de la gare ont été aménagés en logements. Au centre, le rez-de-chaussée reste à la disposition de la commune pour des activités publiques. Les quais de la gare sont investis par des jardinets et petites terrasses privés. De la halle aux marchandises détruite en 1988, il ne reste qu’un pan de mur en arcades. L’auvent du quai, face au château est à l’abandon. Les principaux points de vue sur le château, l’église et l’établissement thermal existent. Il suffit d’entretenir les perspectives actuelles.
A l’est, des terrains de tennis communaux occupent l’emplacement des anciennes voies ferrées depuis les années 1970. Le site a perdu sa vocation touristique. La gare possède aujourd’hui une seconde vie, cependant les espaces extérieurs ne sont pas investis. L’auvent du quai qui présente un fort intérêt esthétique mériterait d’être utilisé. Des manifestations pourraient aider à la reconquête de ces espaces.
« Le bourg de Pierrefonds est assez éparpillé. Le quartier central, autour de la chaussée de l’étang, semble un peu un décor d’opéra-comique. Jadis très humble, il s’est développé depuis que la reconstruction du château, l’ayant doté d’une attraction de premier ordre, attire sans cesse les visiteurs. Les hôtels et les boutiques sont surtout destinés à cet élément touriste ; il n’y a ici ni industrie, ni commerce bien actif (…)»
Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, Voyage en France, 42ème série, Nord-est, Le Valois, Paris, Berger-Levrault Ed., 1905
Un château dominant le territoire : de la forteresse ruinée au château néogothique
« Sous le règne de Charles VI, Louis d’Orléans, premier duc de Valois, jugea bon d’augmenter ses places de sûreté, et se mit en devoir, en 1390, de faire reconstruire le château de Pierrefonds sur un point plus fort et mieux choisi, c’est-à-dire l’extrémité du promontoire qui domine une des plus riches vallées des environs de Compiègne, en profitant des escarpements naturels pour protéger les défenses sur trois côtés (…) Pierrefonds, appuyé à la forêt vers le nord-ouest, se trouvait ainsi commander une des plus belles forêts des environs de Paris. C’était donc un lieu admirable, pouvant servir de refuge et offrir les plaisirs de la chasse au châtelain ».
Eugène Viollet-Leduc, Description du château de Pierrefonds, 1857
Le château de Pierrefonds subit une attaque dévastatrice commanditée par Richelieu en 1616. L’aspect romantique des ruines du château fort inspirera les plus grands peintres : Corot, Paul Huet… Napoléon III s’éprit du lieu et commanda à l’architecte Eugène Viollet-Leduc sa restauration en 1857. Viollet Leduc invente alors un nouveau style conciliant l’inspiration historique avec les moyens contemporains. Les travaux durèrent jusqu’en 1885.
Un point de vue privilégié sur le château
Pierrefonds se transforma afin d’accueillir les nombreux visiteurs. Dominé par la masse imposante du château, le site inscrit protège une partie du cœur ancien de la ville, implanté à flanc de colline à l’ouest du château, jusqu’à l’étang. La rue Jules Michelet et la place publique forment le centre administratif et commercial de la commune. Elles offrent à la fois des vues sur l’étang en contrebas et sur le château. Le périmètre inclut l’hôtel des ruines bâti avant les années 1870 et les abords de la rue Jules Michelet, face à l’étang. La place, piétonne, s’organise en triangle, entre les rues Jules Michelet et Saint Louis. Sa pointe est orientée vers l’étang qui reste perceptible grâce au mail. Elle est axée sur l’hôtel de ville construit en 1884 par Louis Lecoeur, architecte également de la gare. Cernée d’habitations à étage et combles, en pierre de taille et ardoise, et de petits commerces, elle est bordée de terrasses de café et restaurants, et accueille le marché.
Une place réaménagée
Pour atténuer la double pente du terrain, la place a été rehaussée en partie basse afin de créer un parvis plane devant la mairie. Un chêne rouge offre un point d’ombre bordé de bancs. La transition avec la rue s’opère par quelques marches. Un alignement de tilleuls borde la rue Michelet. Au carrefour des deux rues, une fontaine basse ponctue le dénivelé. Quelques places de parking sont dessinées sur la rue Saint Louis. Les traitements de sol (béton désactivé, bordures et caniveaux pavés) offrent une unité à l’espace public. Rue Saint Louis, la terrasse d’un restaurant, dominée par un tilleul majestueux pourrait offrir un très beau point de vue sur la place et le château. Cependant la vue est masquée par une haie et une imposante pergola fermée, en plastique. Des constructions bloquent aussi les vues sur le château. Certains espaces au potentiel touristique et esthétique indéniable (terrasse, espace de jeux pour enfants, arrière de la mairie…) mériteraient d’être mieux mis en valeur.
Une entrée de ville et un point de vue sur le château
Après avoir traversé la forêt depuis Compiègne au nord-ouest, la départementale 973 longe la vallée du ru de Berne, affluent de l’Aisne, jusqu’à Pierrefonds. La rue du 8 mai 1945 traverse ensuite Pierrefonds du nord-ouest, au sud-est, vers Villers-Cotterêts. L’automobiliste qui arrive de Compiègne est surpris de découvrir au tournant de la butte du Parc (ou butte de sable), la silhouette massive de l’œuvre de Viollet-le-Duc.
Prolongeant la départementale D85 qui vient de l’ouest par la forêt de Compiègne, la rue Jean Lenoir longe le lac de Pierrefonds avant de contourner l’une des sept collines de la ville, la butte du parc, et de rejoindre la rue du 8 mai 1945. Les deux rues (rues du 8 mai 1945 et Jean Lenoir) délimitent un vaste îlot au nord-est de la ville, au pied de la butte du château de Pierrefonds. Rue Jean Lenoir, une percée dans l’alignement des habitations offre une impressionnante vue sur le château qui domine Pierrefonds.
La rue Jean Lenoir qui longe en courbe la butte de sable, une dizaine de mètres au-dessus du ru de Berne, offre également d’autres ouvertures visuelles. Les maisons cossues, chacune espacées d’une vingtaines de mètres, laissent la possibilité d’apercevoir le château. Les jardins des propriétés suivent la pente jusqu’au ruisseau, le ru de Berne, qui traverse l’îlot. Quelques espèces se distinguent, notamment un grand hêtre pourpre ainsi qu’un tilleul. La silhouette du château se découpe entre quelques grands arbres : des résineux notamment, plantés en point bas, accompagnent harmonieusement le bâtiment.
Entre les deux rues du 8 mai 1945 et Jean Lenoir s’élève une première bâtisse d’angle, de style néo-renaissance, en pierres grises, surmontée d’une tourelle couverte d’ardoises. Cette villa ne fait pas partie du site protégé.
Des points de vue en partie masqués
Venant de Compiègne, la rue du 8 mai 1945 descend progressivement vers le lit du petit ruisseau, Berne qui alimente le lac. Elle remonte ensuite le long de la colline sur laquelle est situé le château. Ce dernier est cependant masqué par les murets d’habitations et un épais couvert arboré (tilleul, érable, sorbier, et quelques peupliers).
Le carrefour des deux rues de Compiègne et de Villers-Cotterêts offrait un point de vue privilégié sur le château de Pierrefonds. Celui-ci subsiste même si la croissance de la végétation peut masquer certains points de vue.
La partie basse du site, autrefois boisée, est occupée depuis 1991 par une imposante maison de retraite. Celle-ci est accessible depuis la rue du 8 Mai 1945 par la ruelle Bernot et par la rue Jean Lenoir par un escalier. Le bâtiment moderne comporte deux étages surmontés d’un toit imitant l’ardoise. Depuis le carrefour, ce bâtiment est à peine visible, masqué derrière le couvert végétal. De près, par contre, le bâtiment contemporain s’avère imposant et prend difficilement en compte les caractéristiques de la ville.
Rue du 8 mai 1945, la vue sur le château est masquée par des peupliers d’Italie accompagnés d’autres arbres, qui bordent la route. La rue ne manque pas de charme, entre murets de pierres, grandes demeures, et vieilles fermes plus loin. Des vues sur le château s’ouvrent plus loin dans la rue, juste avant le carrefour avec la rue notre Dame, ou au carrefour et dans la rue de Jean Lenoir. Les masques ne font qu’accentuer la présence d’autres perspectives.
Un point de vue sur le château
Ce site inscrit se trouve au nord-est de la commune au lieu-dit le Grand Logis, au croisement entre la rue Mélaine et la rue de l’Impératrice Eugénie qui prolonge la rue de Fontenoy. Fontenoy était un hameau allongé le long de la vallée. La rue de l’Impératrice Eugénie qui le traverse suit la rive droite du ru de Berne. Ce cours d’eau alimentant le lac de Pierrefonds, poursuit son trajet vers le nord et vient se jeter dans l’Aisne à l’ouest de Rethondes. La rue Mélaine, elle, traverse le vallon.
Le site offre une belle perspective sur le château de Pierrefonds. C’est le seul argument qui a poussé à protéger l’endroit. Le carrefour a été protégé à une époque où la commune ne possédait pas encore de document d’urbanisme. Une surveillance des espaces non bâtis s’imposait. En 1944, au moment de la protection, une seule maison était construite au carrefour, au N° 13 rue Mélaine. Le reste du terrain était constitué d’un bois et d’une tour hexagonale, aux épais murs de pierre. Une maison en parpaing enduit a été par la suite adjointe à la tour.
Au niveau du carrefour, la grille d’entrée et le mur d’enceinte de la propriété peu élevé offrent l’occasion aux visiteurs venant des rues de l’Impératrice Eugénie et Pisselotte de profiter de la vue sur le château dominant au sommet de la colline. Le site comprend aujourd’hui les habitations bordant la rue Mélaine, la tour en pierre et la maison adjacente, et le cœur d’îlot jusqu’au ru de Berne. La protection vise à préserver le vaste espace vert dans la perspective pour ne pas bloquer les vues. C’est aujourd’hui une grande pelouse, agrémentée de divers végétaux ornementaux. Les constructions sont alignées sur la rue, exposées au sud, faites de pierres et de crépis. L’ensemble est entretenu.
A peu de distance, un point de vue non protégé
A peu de distance, la rue du Mont Berry, située juste au-dessus du carrefour protégé offre un point de vue vers le château plus impressionnant. Cette entrée de ville, la D 335, vient de Cuise-la-Motte et l’Aisne. La perspective se découvre au tournant du virage. Le point de vue vers le château, plus en hauteur, est plus dégagé. Il est aussi davantage fréquenté.
«Le ru de Berne, retenu par une chaussée, a reflué en étang ; sur le terre-plein s’est édifié la bourgade, des villas et l’église bordent les rives, un établissement thermal se montre entre les arbres d’un parc. Car Pierrefonds est une station balnéaire exploitant une source ferrugineuse et une fontaine sulfureuse. Tout cela est peigné, un brin artificiel, mais heureux de lignes.»
Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, Voyage en France, 42ème série, Nord-est, Le Valois, Paris, Berger-Levrault Ed., 1905
Les abords de l’étang et de l’établissement thermal
Le site inscrit des abords de l’étang complète le site classé formé par l’étang et le parc de l’établissement thermal et du site des abords du château, de la place publique et de la chaussée Deflubé. Il concerne quelques parcelles des abords nord et sud de l’étang ainsi que le terre-plein de la chaussée Deflubé, le mail de la rue du Beaudon et quelques maisons et commerces à l’angle de la rue Sabatier et de la rue d’Orléans.
Le propriétaire de l’établissement thermal, le peintre et photographe Louis Joseph Deflubé (1797-1884) avait fondé le terre-plein de l’étang afin qu’il serve de promenade. En 1944, au moment de la mise en place de la protection, existait un mail, planté d’une double rangée de tilleuls, de la rue du Beaudon au nord de l’étang. La promenade fut progressivement envahie par l’automobile. Jusqu’en 1994, un parc de stationnement de 120 places occupait le terreplein de la chaussée Deflubé.
Un espace réaménagé
Dans le cadre de l’opération de restructuration du centre-ville, cet espace a été ouvert aux promeneurs. Deux rangées de tilleuls palissés prolongent le mail de la rue Jules Michelet jusqu’à la place publique de l’Hôtel de ville.
L’ensemble finement aménagé, structure le pourtour de l’étang avec différentes ambiances. A l’est, la double rangée de tilleuls parallèle à l’étang, ouvre sur le centre du village et le château. À cet endroit, sont implantées des cartes d’informations annonçant les parcours et sites touristiques de la commune. Des activités touristiques et commerciales (mini-golf, pédalos, petit train, …) sont implantées à proximité du centre-ville. Cette promenade aménagée le long du mail offre des bancs où il est possible de contempler l’étendue de l’étang et de ses abords. Aujourd’hui, il est quasiment possible de parcourir le pourtour de l’étang. Des commerces et des restaurants proposent leurs services sur les berges.
Au nord, l’étang est surplombé par la masse boisée de la butte de sable. De modestes maisons séparent la rue du Beaudon de l’étang. Parmi elles, se détache la Palestrina, une maison raffinée construite sur 2 étages dans un style inspiré des villas vénitiennes. Ces habitations s’ouvrent sur l’étang. Leurs jardins surplombent l’eau. L’ensemble des constructions en bon état, de différents styles, participe à la gaité du lieu. Les matériaux sont eux aussi multiples, de la pierre au bois.
L’ensemble est bien réaménagé. Le site possède un intérêt paysager, avec une grande proximité à l’eau, des promenades, des restaurants et des terrasses à conserver. Un chemin en stabilisé est aménagé entre le centre-ville et le parking près de la gare.